Hier au cinéma : Micmacs à tire-larigot

Micmacs à tire-larigotCritique express : Film lent et sans scénario sur des loosers moches. À éviter.

Alors bon, voilà. Je m’en vais vous narrer une bien belle drôle triste histoire.
C’est l’histoire d’un homme. D’un homme avec une libre pensée, comme on n’en rencontrait plus beaucoup dans ces temps là. Cette libre pensée l’a amené à avoir un point de vue légèrement différent sur les choses de la vie. C’est là que commence le problème, cette homme aimait les choses belles. Il n’était ni heureux ni malheureux à cause de cela, mais le fait est : il aimait les choses belles, et détestait les choses moches. Cet homme était plein de courage, cet homme était plein de bravoure, il ne rechignait jamais à aider quelqu’un qui voulait faire quelque chose. Et puis, le drame est arrivé. Brusquement, sans prévenir, il a sombré dans la douleur.

Cet homme est allé voir « Micmacs à tire-larigot ».

Attention. Cette critique est, ce que dans certains cercles on dénomme, « acerbe ». Lisez la avec une bonne dose d’humour, même si l’humour cache toujours une part plus ou moins grande de vérité. Jean Pierre, si jamais par hasard tu lisais ceci, ne me tape pas. Au fond de toi, toi aussi tu es contre la violence physique.

Nouveau film de Jean Pierre Jeunet, offense au beau, dessin raté dans la marge d’un cahier d’enfant, et j’en passe… Tant de qualificatifs, hélas tous négatifs, conviendraient pour ce film. D’aucuns crieront au génie sans nul doute, je crains fort que la masse populeuse ne soit en soif de pensée facile. Mais je me dois d’être juste, ce film est raté de bout en bout. Du début à la fin. Rien ne le sauve. Je pourrais faire comme Jean-Pierre, lancer comme cela au hasard mes pensées sans justification, mais j’ai peur que cela dilue la portée de mon discours. Je vais donc procéder par ordre.

Commençons par la forme. Imagine. Imagine a world where all you could see is ochre. C’est un peu ça le film de JPJ. Tout, mais absolument tout est désaturé et colorisé en ocre. C’est horrible. Et encore. Il ne s’arrête pas là le coquin (on pourrait presque dire le malin tant cela relève de la malice). Hop, que je te fous une grosse palanquée de bruit. Oui, oui, la même fonction ‘bruit’ de photoshop. Et il en fout partout. Déjà que l’image était pas nette nette (voire floue floue), et bien là c’est pas net et bruité. Bilan thérapeutique : céphalée d’une conjonctivite aiguë. Et encore, j’étais pas au premier rang. J’ai vu des spectateurs se lever avec des yeux de lapin mutant transgénique atteint de la myxomatose. Horrible. Rien que pour vous en convaincre, regardez moi encore un fois cette affiche. Et oui c’est horrible.

Donc l’image est moche, c’est un fait. Dans un grand souci de cohérence et du détail, les acteurs sont aussi tous moches. C’est youpi c’est merci. Mais pourquoi ? Autant j’abonde férocement contre les dérives perfectionnistes du cinéma américain moderne (autrement appelé « barbie et ken s’incarnent »), autant faire uniquement dans le furoncle, je me débats sauvagement. Argh. Mais diable. Bon, ok, eux ils sont moches… Merde ? Lui aussi ? Bon, voyons le suivant… Rooohhh. Mais c’est pas vrai. Mais si. C’est vrai. Personne ne sera sauvé. En plus c’est pas leur faute aux acteurs qui sont pas beaux. Non la faute c’est à l’autre enculé (note : enculé est utilisé au même titre que bâtard, décorrélé du sens premier, j’adore les gens qui se mettent des bites et autres objets oblongs dans le cul, j’en fais moi-même partie occasionnellement et vous aussi vous devriez essayer) au casting là! Putain mais le mec (ou la fille, la connerie ne choisit pas de sexe) doit se croire trop drôle! Un peu de respect de la rétine du spectateur, par pitié. Mettez au moins une ou deux personnes agréables à regarder. Quoique j’aurais dû me méfier des signes du destin, en pub j’ai eu droit à Audrey « crotte de » tautou pour Chanel n°5 « votre chaîne météo ». Elle est méga monstrueuse cette meuf. Mais à overgerber. Attention je digresse. Donc, les héros sont pas beaux. Et en plus, en plus! Mal habillés. Normal, ce sont des clochards. Donc ils vivent où les clochards ? Hmmm ? Eh bah dans un ramassis d’objets moches ! Qui forment une bien pratique caverne qui ne s’écroule pas ah çà non madame. Donc que des trucs immondes (et autres immondices) de partout. Re mal de tête.

La bande son appuie courageusement (si si, il en faut du courage) ces choix avant-gardistes de l’image. C’est à dire que si l’envie de se suicider ne vient pas assez rapidement, faites deux actions. Premièrement, envoyez une lettre d’insulte rageuse au compositeur pour lui dire qu’il a mal fait son boulot. Deuxièmement, inscrivez-vous en tant que bénévole à S.O.S. suicide. Vous avez un énorme potentiel en vous pour résister à la misère du monde.

Le lecteur attentif (et j’en suis certain, si vous n’avez pas décroché avant, c’est que j’ai toute votre attention. Ça te plait la critique, hein. Ptit cochon, va) aura sans doute remarqué mon aversion pour la forme. Et bien, elle est nulle, infinitésimale devant le sentiment de haine farouche que j’ai pour le fond.

Avant que l’on me lapide sur la place publique, je tiens à déclarer à l’assemblée que je suis tout à fait ouvert au rêve, à l’imagination et autres fééries. Je suis moi même féru de ces choses là. Mais pour moi, un univers doit rester cohérent. Là JPJ (oui j’en ai marre de taper son nom beaucoup trop long) s’autorise tout et n’importe quoi (ce qu’il n’a pas fait dans amélie poulain qui serait un meilleur film, hélas, audrey « viens ici mon » tautou ruine tauttout). Du coup, bah, comme tout est possible, chaque choix n’est pas justifié et arrive tel un cheveux sur la soupe (c’est pas bon les cheveux sur la soupe).

Alors, en vrac… A commencer par leur « habitation ». Mais que diable est-ce ? Je précise que le film est « censé » se passer dans le monde « réel ». D’ailleurs il se fait bien tirer dessus avec une vraie balle. Mais par contre le débarras tiens comme par magie en l’air. Les vieilles voitures avancent comme par magie et rivalisent sans problèmes avec les Mercedes d’aujourd’hui. On sent bien d’ailleurs que JPJ est totalement nostalgique des années 1930. C’était tellement plus beau avec leurs baquets en fer rouillé. Et la bouffe infecte. Nostalgique de la bouffe infecte (en général quand ils mangent dans un film ça me donne faim, mais là…). Ensuite, toutes les « inventions » sont absolument impossibles. Quoique le coup du micro qui descend dans une cheminée, ça peut presque marcher… Le reste c’est du live complet. On déjoue la police et les systèmes de sécurité avec une facilité déconcertante de nos jours. On blouse les mafieux les doigts dans le nez. Et c’est dingue ce que les PDGs d’entreprise d’armement sont cons. Soyons raisonnables… Un autre exemple, le frigo magique. Mettons, admettons, que vous soyez très flexible. Du genre, cirque. Ça existe, pourquoi pas. Bon, vous êtes dans une maison, il y a des vilains méchants avec des guns et des piques à fondue partout (<- là j’exagère… mais c’est dans l’esprit du film, alors pourquoi pas!), où se cacher ? Et bien la réponse s’impose d’elle-même voyons, dans le réfrigérateur! Mais où. Et bien dans le trou béant que chaque propriétaire laisse dans son réfrigérateur, exprès (ah bon pas vous ? Non mais ça compte pas !). Un bon trou qui doit bien faire la moitié (voire plus) du frigo. Et ouais. On s’embête pas. Le reste est à l’avenant.
Encore un autre exemple. Je dois traverser la Seine, parce que, et bien figurez-vous ma bonne dame, c’est pas de chance, je suis du mauvais coté. Et oui ca arrive. Et bien comment faire, que diable, comment faire ? Aucun souci, aucun problème. Tel un véritable MacGyver des temps modernes, JPJ a la solution. Un homme canon. Homme. Canon (au sens premier). Mais que n’y ai-je pensé plus tôt! Bon, comme c’est quand même un tout petit peu pourri comme idée, il en faudra deux des hommes, parce que la première fois, et bien ça rate, parce que « c’est de la récup » (attention il faut rire il faut être attentif dans les films de JPJ). Donc un autre homme canon. Blague cerise sur le gâteau, la caméra « c’est de la récup » a épuisé sa batterie et donc on ne peut pas homologuer le record de hauteur du premier gugusse (c’est de la récup mais on bat des records du Guinness pépère). Là il ne faut plus rire, il faut se bidonner franchement en se roulant par terre sinon JPJ il vient chez toi et tue ton chien pour le mettre dans son prochain film. Moi je verrais bien un chien, eh bah, il serait mort mais en fait, il aurait un baquet en fer rouillé millésime 1930 en guise de coeur et des parasols de restaurant pour voleter et il servirait bien pour le scénario quand on aurait besoin de prendre de la hauteur. Je dis ça je dis rien, mais j’offre gracieusement cette idée aux fans. Cadeau.

Passons aux dialogues, toujours bien dans la teinte (si il y a bien une chose qu’on ne peut pas reprocher à ce film, c’est le manque de cohérence). Pour commencer, les noms des protagonistes. « J’ai fait 16 ans de tôle, alors on m’appelle ‘placard' ». « Fille d’un charpentier et d’une retoucheuse, ‘calculette' ». Mais au secours!!! Qu’est ce que c’est que ces répliques de merde ? Une autre une autre: « Mais c’est de la récup ! », réplique dispensée à qui mieux mieux tout au long du film. Effet comique de répétition ? Nul ne le sait. Et les blagues, toujours très drôles: « Alors comment tu vas les accommoder tes deux gros poissons? – En friture ! Parce que je vais les rouler dans la farine ! » sic… J’ai cru que j’allais tomber dans les pommes. Il y aussi une autre running blague tout au long du film, les protagonistes passent devant les affiches du film. Une sorte de clin d’œil récursif. On sourit la première fois, on s’interroge la deuxième… Encore ? Ah non j’en ai marre !

Le scénario en lui même est très court et pas très passionnant. On l’éclipsera afin de ne pas non plus s’acharner (ça, c’est pas bien).

Heureusement tout film a une fin (attention l’inverse n’est pas vrai), et celle-ci, heureuse (enfin ça dépend pour qui) nous -littéralement- délivre. Un véritable calvaire qui restera dans mes annales.

Tout de même, je décerne à ce film le facepalm d’or.

Pour l’anecdote, avant la projection du film, on nous a remis un questionnaire médiamétrie. Au recto, nos expectatives, et au verso, nos impressions. Mercantile à souhait, ce questionnaire dispose de pas moins de trois questions concernant les sorties DVD. Je m’étais dit, au début, que je mettrai « probablement pas » pour l’achat d’un DVD (vu que j’achète rarement les DVD des films que j’ai déjà vus). A la fin, j’ai griffonné avec force conviction les cases JAMAIS AU GRAND JAMAIS, les yeux embués par les pleurs (dûs à la mauvaise qualité de l’image sans doute, ou à mes heures de vie qui ne me seront jamais rendues).

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